Le tout nouveau label "
Galapagos" aura fait couler beaucoup d'encre en attendant son premier titre, le développeur
Compile Heart n'étant pas jusque là réputé pour la qualité de ses productions. Mais qu'importe, la société s'est cette fois-ci entourée de gens mondialement reconnus pour leurs dernières créations tels que
Nobuo Uematsu ou encore
Yoshitaka Amano, histoire d'apporter un peu de crédibilité à l'ensemble. Alors faisons fi des précédentes créations du studio, aussi médiocres soient-elles, et penchons-nous sans à priori sur ce très attendu
Fairy Fencer F.
F comme feignasse
Jadis, le Bien et le Mal s'affrontèrent sous la forme de deux entités connues comme le Dieu des ténèbres et la Déesse de la Lumière. Ces déités créèrent des armes extrêmement puissantes, les "Furies", dotées d'un esprit propre à chacune appelés "Fairy", et continuèrent de se livrer bataille jusqu'à ce que tous deux finirent par se sceller l'un et l'autre pour l'éternité. Depuis cette époque les hommes se sont appropriés ces fameuses armes, et leurs porteurs, les "Fencers", jouissent alors d'un incroyable pouvoir. Fang, le héros de l'histoire, se retrouve malgré lui en possession de l'une d'elles et fait la connaissance de l'âme qui l'habite, Arlin, une Fairy amnésique à l'apparence humaine qui le poussera à réunir toutes les Furies disséminées dans le monde afin de ressusciter la déesse et espérer recouvrer la mémoire.
Ce... scénario, sera donc le prétexte d'une aventure dont le but consistera à arpenter les différents lieux de la carte pour y récupérer les armes divines et les esprits qui vont avec. Fort heureusement, cette histoire d'une extraordinaire originalité est contrebalancée par un humour très décalé dont le studio s'est fait sa marque de fabrique. Fang en est l'exemple le plus frappant, un type banal et fainéant qui ne pense qu'à manger ou dormir et dont le fardeau de Fencer ne l'intéresse pas le moins du monde. Mais il ne manque jamais de rappeler qu'il est le personnage principal de l'histoire et qu'on lui doit tout le respect dû à ce statut important. Bon, outre cela, il faut admettre que tout l'ensemble fleure bon l'ambiance dessin animé pour adolescent avec le triangle Fang/Arlin/Tiara (le deuxième personnage féminin du jeu) et tout ce qui va avec. Loin d'être désagréable pour être tout à fait honnête, ce type d'humour a le mérite d'apporter beaucoup de gaieté à un soft qui ne se prend pas au sérieux, agréable à jouer qui plus est, occultant légèrement les défauts qui le tirent vers le bas.
Where the Fury flies
Le jeu se décompose en deux phases, la partie scénario sous forme de portraits avec boites de dialogues, et bien sûr l'exploration des donjons en 3D intégrale. Votre point de chute étant la capitale, c'est ici que vous trouverez l'indispensable magasin qui vous permettra non seulement d'acheter de nouveaux équipements mais également de confectionner vous-même des objets grâce aux matériaux trouvés durant l'aventure. Une taverne est également à disposition et fera office de guilde à quêtes annexes pour prolonger un peu la durée de vie, sans oublier la petite Lolo qui se fera toujours un plaisir de vous vendre de précieuses informations à prix d'ami afin de vous aider dans votre périple.
L'auberge quant à elle sera le lieu où vous pourrez discuter avec vos compagnons, mais également participer à ce qui est appelé le "God Reproduct", une opération consistant à utiliser vos Furies fraichement acquises pour libérer petit à petit la Déesse ou le Dieu du Mal de leur torpeur, au choix. Oui, vous avez bien lu, on vous laisse la possibilité de libérer le méchant si l'envie vous prend, sympa. L'autre intérêt de l'opération sera de pouvoir utiliser ses Furies sur la carte pour avoir accès aux donjons et influencer ses bonus et malus par la même occasion. En effet, chaque arme apposée sur un lieu de votre choix modifiera certaines données en bien et en mal telles que plus d'expérience glanée, mais moins d'argent gagné par exemple, ou bien une amélioration des attaques physiques au détriment de la défense. Ce système nommé "World Influence", utilisé intelligemment, peut se révéler très utile selon la manière dont vous aborderez les différents donjons, et aura surtout un aspect bénéfique pour accélérer l'amélioration de votre équipe.
La liberté accordée au joueur en ce qui concerne la customisation de son équipe est par ailleurs plutôt remarquable et constitue réellement une des parties les plus agréables du gameplay. Car en plus des vos points d'expérience engrangés vous permettant de monter de niveau, les combats vous rapportent aussi des "Weapon Points" ou WP. Ces précieux points pourront être dépensés à loisir dans de très nombreux paramètres pour chacun des personnages de votre groupe, tels que les aptitudes purement physiques ou magiques, les techniques, les combos et j'en passe. Cette latitude dans la manière d'orienter l'amélioration de vos héros est franchement très réussie et renforce le côté gratifiant du leveling. De plus, la possibilité d'associer les esprits trouvés au cours de la progression de l'histoire à vos combattants ajoute encore de la diversité à l'ensemble du système. En effet, chaque Fairy profitera elle aussi du gain d'expérience et développera également ses propres capacités, vous laissant libre de choisir celles qui correspondent le mieux à tel ou tel personnage.
Metamorphosis
Il est maintenant temps de passer à la partie qui vous occupera 50% de votre temps de jeu, à savoir les combats. Il s'agit, à quelques variations près, d'une reprise du système de
Neptunia 2 pour les connaisseurs, c'est à dire un tour par tour couplé à un déplacement sur la zone d'affrontement et des combos personnalisables. Chaque personnage dispose d'une aire de mouvement limitée qui lui permet de se mouvoir vers les ennemis, ainsi que d'une portée d'attaque particulière, que l'on peut augmenter grâce aux Weapon Points. L'intérêt même du jeu étant basé sur la relation Fairy/Fencer, tous vos compagnons seront en mesure de se transformer avec leur partenaire en pleine bataille lorsque la jauge de tension se remplira jusqu'à un certain point, améliorant considérablement leurs force et défense, tout en leur donnant accès à des attaques surpuissantes. En outre, les personnages disposent également d'une capacité unique activable au prix d'un tour de jeu, comme par exemple une augmentation de la force consommant des points de magie en ce qui concerne Fang, ou encore la création d'une barrière de protection totale pour Tiara. S'ajoute à cela tout un tas de techniques spéciales et de sorts à acquérir avec les WP, sans oublier les fameux combos eux aussi améliorables, forcément.
Concrètement, on peut associer chacune des trois touches de la manette, croix, triangle, et carré, à un coup différent et ce pour toutes les phases de l'enchainement pouvant comporter jusqu'à quatre actions maximum. Ces dernières doivent néanmoins être achetées, tout comme les étapes du combo d'ailleurs, grâce encore une fois aux WP. Au départ, notre héros ne pourra donc pas en effectuer tant que vous n'aurez pas augmenté cette capacité. Enfin, un autre aspect notable du gameplay, "l'Avalanche Attack", permet d'infliger une vague d'assauts successifs sur un adversaire si certaines conditions sont réunies. Un dégât critique porté sur un ennemi faible contre une arme particulière et une barre d'initiative favorable à vos combattants sont la clé pour déclencher cette attaque dévastatrice plutôt jouissive.
Galapagos Inc.
Il est maintenant temps de faire le point sur les qualités du dernier titre de
Compile Heart. Les combats sont fun, l'humour omniprésent, les graphismes 2D animés façon
Vanillaware lors des phases de dialogue assez réussis. L'OST quant à elle s'en sort avec les honneurs, et pour finir la liberté offerte au joueur en ce qui concerne l'évolution des personnages est vraiment satisfaisante. Mais alors qu'est ce qui peut donc bien clocher avec
Fairy Fencer F pour qu'il se tape une note finale aussi peu glorieuse ? Et bien pas mal de choses en fait, à commencer par le scénario qui transpire le déjà-vu, sans oublier la désagréable sensation face à un récit très manichéen. Les scénaristes auraient tout de même pu se fouler un peu plus au lieu de nous ressortir la vieille rengaine du Bien contre le Mal avec aussi peu de background derrière. Aucune surprise ne viendra émailler le fil de l'histoire, d'un classicisme hallucinant, pas aidée non plus par un casting vu des millions de fois qui fera fuir les plus allergiques aux stéréotypes féminins japonais bien moe comme il faut.
On a donc droit à la lolita un peu garçon manqué, la lolita plus féminine mais un peu hautaine, la lolita dark mais trop kawaii, la scientifique aux gros seins, et... Pipin, un machin vert vaguement humanoïde avec une épée sur la tête et bien débile. Le meilleur personnage du jeu, assurément. Aucune inquiétude donc, vous aurez le droit à votre scène dans les sources d'eau chaude, séquence indispensable à tout bon produit japonais lambda. Les conversations sur les petites culottes ne sont bien évidemment pas oubliées non plus. Alors, comprenez-moi bien, je n'ai rien contre ce type de personnage, j'aime beaucoup en vérité, mais ici, on est en présence d'un tel grand concentré de clichés réuni en une seule équipe qu'on ne peut s'empêcher de soupirer devant un tel manque d'imagination. Ou alors c'est voulu, et dans ce cas, ça me dépasse. Du côté des méchants ce n'est guère mieux, ils ne sont finalement que trop peu développés pour être réellement intéressants, mis à part Paiga le pathétique Fencer salary man.
Hyper Dimension syndrome
Techniquement le jeu est également assez limite, notamment en ce qui concerne la 3D utilisée pour l'exploration des différents donjons. La modélisation est simpliste, les textures des décors sont pauvres, mais le plus étonnant reste le manque de fluidité de l'ensemble totalement inexcusable pour une Playstation 3, surtout au vu de la sobriété des lieux visités. Le bestiaire s'offre aussi le luxe de cumuler un design au raz des pâquerettes et un recyclage éhonté des créatures rencontrées, avec le plus souvent juste un léger changement de couleur ou de skin. Pour terminer, la difficulté absolument inexistante tout au long de l'aventure est tout de même assez ridicule. Les boss ne présentent aucun challenge, juste une plus grosse barre de vie, et il faudra donc se tourner vers la tour de Shukesu, l'unique donjon optionnel, pour faire face à des ennemis plus coriaces. Parlons-en justement de ces fameux donjons. Courts, dirigistes, et monotones, tels sont les mots les qualifiant le mieux. Le moins que l'on puisse dire c'est que les game-designers ne se sont pas trop cassé la tête. Bon, il y a bien des objets cachés invisibles à l’œil nu uniquement trouvables grâce à une aptitude spéciale, mais cela reste bien maigre.
Malgré ce déluge de défauts Fairy Fencer F reste néanmoins un RPG sympathique grâce à son ambiance bon enfant et sa jouabilité assez plaisante, mais ça ne va malheureusement pas plus loin. Compile Heart se contente de faire ce qu'il sait faire, c'est à dire un RPG marrant et pas prise de tête, ce qui n'est déjà pas si mal me direz-vous. Pour terminer, sachez que le soft propose une durée de vie un peu juste pour l'histoire principale d'environ 25 heures, et un peu plus avec les quêtes annexes. Fort heureusement un new game + vous est proposé une fois le jeu terminé, vous permettant de recommencer l'aventure plus rapidement afin de voir les différentes fins. Et comme en plus certains personnages non jouables au premier run rejoindront votre équipe cette fois-ci, il n'y a pas de raison de se priver.
Ce n'est décidément pas encore avec Fairy Fencer F que Compile Heart rentrera dans les annales du RPG japonais, tant l'inauguration de leur tout nouveau label Galapagos aurait mérité un traitement plus ambitieux en terme de game design, de scénario et de réalisation. Leur dernière production demeure tout de même un RPG sympathique, agréable à jouer et à l'humour potache qui ne fait pas de mal de temps en temps, à condition de ne pas être trop regardant sur l'originalité de la chose.
12/11/2013
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- La grande liberté de customisation de son équipe
- L'humour et l'ambiance générale
- L'influence des Furies sur la map
- Une partie graphique en 2D fort esthétique...
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- ...Mais une 3D un peu juste pour le support
- Une histoire et des personnages peu originaux
- La trop grande facilité de l'ensemble
- Des donjons trop simples et peu inspirés
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GRAPHICS 2.5/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 2/5
LENGTH 3/5
GAMEPLAY 4/5
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